Aux côtés de la femme - Article "Aliment et développement" du 8 mars 2018, mis à jour  le 14 mars 2018.  

 

Le 8 mars, une journée pour rappeler le devoir, le droit et la justice de la femme, inaliénables des droits de l’Homme ?  Au reste, tout ce qui attire le regard sur la femme ne le dit-il pas ?  et l’art n’est pas en reste ! Dans ce triptyque on peut y lire le droit et la justice qui sont faits à la femme, (pardon, à la société !)  et le devoir veillé avec elle.

Le premier tableau du triptyque, « Le jugement de Salomon » de Nicolas Poussin, montre ce qui, dans la douleur, peut avoir de cruel d’une part et de tendresse et pitié d’autre part chez la femme. Puis il y a la loi, arbitre. Elle laisse le soin aux deux femmes de juger du sort de l’enfant pour le sauver, certainement, quel que soit leur verdict. Dans ce tableau, rien ne nous dit que l’enfant n’est pas celui de la femme qui a voulu son partage. La loi a choisi la mère miséricordieuse pour Son enfant.   L’enfant, né de telle ou de telle autre femme, n’appartient-il pas à la société entière ? il est l’enfant de tous et qu’il soit pour tous au service de tous. Ce tableau est d’actualité, c’est dire toute l’importance de la loi dans le développement. Le 8 mars est une occasion de plus pour rappeler que la place de la femme dans le développement, c’est aussi avec la loi. Si toutes les femmes avaient la même tendresse et pitié que la Mère de cet tableau et le même élan que la loi pour tout enfant, on peut dire que multiplier les pôles d’incarcération ne serait une préoccupation dans aucune nation, la priorité est à l’éducation, connaître le bien et le mal et servir la loi pour la société et la société pour la loi. La connaissance est une dignité que nous valons tous ! aussi l’école est une dignité : ceux  qui y entrent la font aussi bien que ceux qui y travaillent, elle est un tout de la dignité de la personne humaine.

Le second tableau, « Le pain noir » du peintre Belge Constant Permeke, malgré le coloris, la dominance du brun, et les formes massives des figures, tout est décrit avec précision dans ce tableau. En gros plan l’homme aux côtés de la femme ou la femme aux côtés de l’homme, sont les personnages qui occupent distinctement la table. Toutefois, qu’il s’agisse des personnages sans visage et des objets, la régularité des contours est suffisamment distincte pour laisser voir une scène de repas autour du pain. Mais, c'est derrière les apparences, les effets dus à l’agencement des images, à la perspective, au coloris, et au jeu d'ombres et de lumières que se lit le sujet du tableau : « le Pain noir ». Sans forcer le regard, on voit bien qu’il n’y a pas que du pain noir, le pain du pauvre, sur cette table. Aussi, «Le pain noir», n’est –ce pas, au reste, un visage collé à une table, un repas, le menu d’une famille ou de personnes partageant les mêmes conditions ?  Reflet de leur état d’âme, ce visage peut être perçu en s’attardant sur certains aspects du tableau mieux encore en le disséquant.  

La double représentation du bras droit de l’homme coudé et tendu et les images qui en découlent par le jeu de couleurs, d’ombres et de lumières retient particulièrement l’attention :  la main tenue à  hauteur de la poitrine, fait penser que l'homme semble fixer quelque chose. Serait-elle le visage que forme l'ombre entre l'homme et la femme ? Par ailleurs, dans une vision normale, de premier abord, le dos de la main du bras tendu pour prendre la cruche et les tranches de pain noir sur la table devant la femme font l'effet d’une tête humaine. On pourrait même dire davantage, si ce n’est le souci de se départir de toute vision excentrique (au fait, le but recherché par le peintre n’est-il pas aussi l’impression que son œuvre laisse à nos sens ?)  : « Une tête dans du papier… déballée sur une table !» peut-on remarquer, « une tête dans le journal ou tout autre médias » peut-on rajouter. Elle fait l’amertume de ce repas : « Le pain noir » ! Tout cela semble indiquer que la signification de la réalité est derrière ces apparences : un repas est un visage, des visages, bienveillants ou non que l’on se représente ou non ! Bien entendu que ce n’est pas là une nouvelle conception de la question alimentaire et du monde. Cela se sait et n’est pas en désuétude, dira-t-on !  Oui, bien sûr ! Mais la conscience que l’on peut en avoir, elle, par contre, peut tomber insidieusement en désuétude. Et pourtant, il faut qu’elle tienne débout et bon par la conscience que l’on peut avoir de soi et la reconnaissance de soi dans les autres... On ne crée pas, on n’évoque pas une œuvre par goût du misérabilisme, c’est que personne n’a autorité sur la présence de son visage à la table des autres et si elle y est on la voudrait bienveillante. 

Aussi l’on comprend parfaitement que l’expressionnisme (l’impression de l’œuvre laissée à nos sens et qui devient présence) ait pu déranger, jusqu’à la violence, des consciences aux siècles derniers. En effet, de cette manière, on s'imagine bien que toute puissance sans justice, voire toute liberté sur la personne humaine, puisse se briser là, à la table de l’autre, jugée et reléguée à la valeur de l’aliment substance sans goût. Cependant, considéré avec courage et responsabilité en temps de grâce, comme le notre, l’expressionnisme est un moyen sûr pour promouvoir la fraternité globale. 

Certes, nous avons vite fait d’envoyer promener, où l’on veut, l’expressionnisme en ces termes : « Ce n’est pas réaliste, ça manque de réalité objective, ça n’appartient qu’au monde intérieur de l’artiste… » Mais bien sûr, peut-on y répondre et si nous étions en 1925 et  n'étions pas aussi en droit de poser cette question : «Peut on dire de ce qui est exprimé, de toute manière, appartenir encore à un monde intérieur ? »  La réponse serait : « Assurément non ! car exprimé, il appartient désormais à la lumière du jour, il est devenu une réalité matérielle objective… le tableau existe !»

Et au reste, Permeke, son monde intérieur avec, n'est pas abstrait, il est une réalité matérielle objective. La réalité matérielle objective ne dépend-t-elle pas de perceptions sensibles ? En effet, être, exister, c’est percevoir ou « être perçu » esse est percepi vel percipere, et ce qui n’est pas perçu n’existe pas. L’homme aux côtés de la femme ou la femme aux côtés de l’homme ou la famille, ou encore les amis autour de la table  et « quel goût amer ce repas ! » est d’actualité depuis un moment, par ce que relatent certains médias, quelque fois sans accorder assez d’attention à la dignité de la personne humaine.  Au-delà du présumé coupable de malveillance, il y a tout un monde pour lequel chacun a devoir de de respect et de quiétude.


 Le troisième tableau, « Le Christ et la femme adultère » de Nicolas Poussin, pour le 8 mars et le développement, « … Et personne ne lui jette la pierre ! » Aussi, toutes ces questions relatives à l’insertion et à la réinsertion, à l’intégration et la réintégration de l’homme en général et de la femme en particulier après la rencontre avec la misère de l’homme (ou de la femme) ne sont-elles pas un non-sens tant que l’agitation s’y mêle ?  qui  l’a désinterné(e) ou qui l’a désintégré(e) ? quelqu’un s’ayant octroyé autorité sur sa vie ? mais de quel droit, en vertu de quelle loi ? C’est à la justice de répondre et à chacun de lui faciliter la tâche. Quand même les victimes de ces rencontres ne sont plus lapidées, il n’en demeure pas moins qu’elles ont autour d’elles du monde qui souffre pour elles pour une insertion  de note  lue, vue ou entendue ou dans quelque média. 

«… Et personne ne lui jette la pierre !», la production de l’information n’est-elle pas l’alliée de la dignité de la personne humaine ?  

La journée du 8 mars n’est –ce pas aussi le cadre idéal pour poser la question de l’éthique alimentaire ? La femme, productrice des aliments, consommatrice et procréatrice y est actrice de toutes les manières. L’éthique alimentaire se pose en terme d’offre à la consommation de produits sains et loyaux. Il ne peut en être autrement. Toutefois, la définition du produit sain se situe dans le temps et l’espace, dimensions que personne ne saurait assez maîtriser. On connaît déjà la difficile mission du médecin à l’heure actuelle et la question de l’éthique médicale  qui n’est pas si simple qu’il y a un demi-siècle. Elle s’avère de plus en plus complexe avec les nouveautés médicales qui arrivent chaque jour de la recherche auxquelles il faut ajouter la question alimentaire. En effet, le lien entre alimentation et santé n'est plus à démontrer. Bien sûr que tout cela est inquiétant et à juste titre. Cependant, quoi qu’il en soit, le progrès scientifique ne saurait jamais être suffisant... pas assez ! encore, encore et encore ! ce progrès ne fait pas de l’homme un objet. Aussi, ce qui fait de l’homme un objet, en alimentation comme en médecine et socialement, c’est la démesure ! et l’homme en est la plus part de temps responsable.

Ainsi l’homme-objet a ses fabricants inconscients ou délibérés qui font la misère de l’homme et de la femme. Aux côtés des femmes dans leur lutte contre cette misère dont elles sont la cible privilégiées, ce sont les engagements de toute leur personne ou personnalité d’hommes et de femmes de tous les temps au travers des lois et des décisions. Le 8 mars est aussi l’occasion donnée aux victimes bénéficiaires de cet engagement d’en prendre conscience, «Je suis le prochain de quelque personne !»,   à défaut du « merci ! », qui ne peut d’aucune façon être dit. Ne souffrent-elles pas que l’engagé partage leur charge ? En effet, ne sont-elles pas  aussi  pour la grâce et la miséricorde pour tous ? 

Le 8 mars, c’est aussi l’occasion de rappeler des événements ayant donné lieu à des engagements (lois et décisions). Aussi, nous saluons la mémoire de Madame Simone Veil (1927-2017) qui a porté la loi sur l’IVG (En 1974, elle est chargée de présenter un projet de loi dépénalisant l'avortement. Le texte  est adopté le 29 novembre 1974 et entre en vigueur le 17 janvier 1975). Qu'elle ait été ministre à ce moment-là ou pas, comme tout magistrat, dans l’application de la loi, elle n’a  certainement pas manqué de préférer le côté humain pour ne pas dire miséricordieux.  Pour alléger la peine de l’inculpé ? ça aussi peut-être bien ! mais on pourrait dire, comme pour tous les engagés de la cause de l’Homme, en agissant de la sorte on peut amener l’inculpé à se dire « Moi aussi, je suis le prochain de quelque personne ! » et peut-être bien qu’il s’en rappellera et fera de même dans ses rencontres.

Rappelons que de l’élaboration d’un projet de loi à son adoption, c’est le travail d’équipes multidisciplinaires où les considérations sociales, politiques, économiques, scientifiques et culturelles sont prises en compte. Concernant l’IVG, ces considérations ne nécessitent-t-elles pas d’être remémorées, surtout lors des événements comme le 8 mars ?

Comme considérations culturelles, bien entendu, l’embryon est une, deux, trois… cellules vivantes avec la femme. Amas cellulaire  se  distinguerait de la femme que par l’acquisition de ce qui fera de lui l’humain (l’âme) qu’à partir du quarantième jour de sa conception, pour certaines cultures issues du monothéisme judéo-chrétien et liées au symbolisme des quarante jours (Quarante jours pour que l’âme entre dans le corps après la conception, quarante jours pour espérer que l’enfant né vivra, quarante jours après la destruction du corps pour que l’âme retourne à Dieu qui l’a donnée ).

Quoi qu’il en soit, la libération de la femme par l’IVG est obtenue par la miséricorde de Dieu et l’Église catholique le dit et s’engage dans cette libération comme on peut le lire dans l’extrait suivant :

 21 novembre 2016

Clôture du jubilé de la miséricorde

FRANÇOIS

à ceux qui liront cette Lettre Apostolique miséricorde et paix

12. En fonction de cette exigence, et pour qu’aucun obstacle ne s’interpose entre la demande de réconciliation et le pardon de Dieu, je concède à tous les prêtres, à partir de maintenant, en vertu de leur ministère, la faculté d’absoudre le péché d’avortement. Ce que j’avais concédé pendant le temps limité du Jubilé14 est étendu désormais dans le temps, nonobstant toutes choses contraires. Je voudrais redire de toutes mes forces que l’avortement est un péché grave, parce qu’il met fin à une vie Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu’il n’existe aucun péché que ne puisse rejoindre et détruire la miséricorde de Dieu quand elle trouve un cœur contrit qui demande à être réconcilié avec le Père. 

La miséricorde de Dieu suffit, aussi peut-on rappeler la miséricorde de tous pour ces femmes (n’avons-nous pas tous été  embryon ? Comment n’en serions-nous pas solidaires avec ? mais miséricorde !)