Le 1er mai et le 8 mai en 2019 - Article aliment et développement - Mai 2019
Le travail évolue, la fête du Travail aussi ! Cette année, le 1er mai a vu non seulement les travailleurs de tous les métiers
rassemblés, mais aussi tous ceux qui luttent pour une vie et un avenir
meilleurs. Aussi les revendications portées ce jour n’étaient pas que
syndicales, comme c'était dans un passé pas si lointain, mais de tous
pour tous. La fête du Travail a grandi. Le 1er mai commémorait le droit au
travail et l’acquisition de conditions de travail meilleures pour tous ;
il rappelait la veille et l’amélioration des acquis ; il faisait le bilan
annuel ou donnait des perspectives, des prospectives ou encore quelque
orientation de luttes entreprises ou à mener.
Depuis ce 1er mai 2019, avec le mouvement inédit
des gilets jaunes, aux luttes connues s’ajoute la question de l’utilisation
pour tous et de la redistribution à tous du produit de tous les acquis par un
pouvoir d’achat juste et conséquent. Certes, rien ne peut remplacer le
syndicalisme, mais celui-ci ne peut tout qu’avec tous en tout pour tous. Et le 1er mai est et sera toujours la fête du
Travail, puisque du travail sont nés nombre des acquis, du travail également les
acquis seront consolidés, quand même le travail n’est pas tout pour que l’homme
soit et demeure dans toute sa mesure humaine et toujours.
Les mouvements sociaux évoluent aussi comme le
montre bien la composition du rassemblement de ce jour, mais il y a plus que
l’on ne le pense. Ce matin, j’ai trouvé
un homme au travail, acharné sur du bois dans un espace vert en construction sur
les quais, le long du fleuve. J’ai salué sans m’arrêter, l’homme a répondu. Je
suis passée, sans me poser de questions. Une heure plus tard en repassant,
l’homme était toujours là, très occupé à découper, tailler et raboter du bois.
Je me rendis compte qu’il confectionnait un banc, comme il y en a dans cet
espace vert. Je vis deux ou trois bancs neufs, je ne les avais pas remarqués
quand je passais. Il venait de les confectionner, sans doute ! C’est alors
que je me suis posée la question : pourquoi est-il là, ce jour de la fête
du Travail et de si bon matin ? j’ai répondu « Il est là pour lui,
son loisir, comme les joggers ; il est là pour tous ceux qui viennent dans
cet espace vert pour se reposer et il
faut des bancs, suffisamment de bancs pour tous. Cet homme n’offre-t-il pas un peu de ce qui donne à vivre ? Trois
bancs en si peu de temps ! C’est sa contribution, ce jour, afin que
l’homme soit dans toute sa mesure humaine.
Cette contribution, c’est aussi avec la grâce des acquis de toutes les
luttes (la démocratisation, la liberté d’entreprendre, s’offrir un temps de
loisir pour les autres.)
Quelques secondes avant, je m’étais arrêtée devant
un pot couvert de petites fleurs. Je
contemplais, lorsque j’ai senti une présence dans le dos : une joggeuse
qui s’était arrêtée aussi regardait le pot. Après le bonjour échangé, je ne
savais que dire, je balbutiai : « Comme la nature nous offre de
belles choses !... je fais des photos ! ». La dame répondit par
ces quelques mots qui sont aussi un peu
de ce qui donne à vivre : « C’est beau… ! La nature nous
demande de vivre… regardez par là… une abeille… elle butine !... il
faut les protéger !»
Avec ces deux rencontres et le rassemblement de ce matin,
Vivre, semble être le maître mot de
ce matin, vivre pour soi et pour tous, et tout semble en mouvement pour ce
but ! En effet, le mouvement des gilets jaunes, leurs revendications, le
pouvoir d’achat, n’est-il pas aujourd’hui l’expression fondamentale du maître
mot Vivre ?
Le 8 mai, devoir de mémoire, est aussi avec et
pour le maître mot Vivre, ce qu’il a fondamentalement de commun avec le
rassemblement du 1er mai ! Aussi, le 1er mai, la fête du
Travail, et le 8 mai qui commémore la fin de la 2nd guerre mondiale proches à
une semaine d’intervalle, mais au fond, ces deux dates sont si proches qu’on ne
pouvait l’imaginer si ce n’eut été ce mouvement des gilets jaunes. C'est un de ces événements révélateurs d’un besoin
de regarder de près le malaise de la société. Ils
arrivent souvent sans prévenir et ne peuvent être ignorés, d’où la nécessité et
le mérite du grand débat qui a dégagé
deux grands ensembles (un noyau et ce qui l’enrobe, une croûte) pour mieux voir et traiter la question du
pouvoir d’achat.
Les revendications pour le pouvoir d’achat et les causes ayant conduites à faire du 8 mai cette date de commémoration n’ont-elles pas le même noyau, le même fond ? Les éléments fondamentaux de ce noyau sont :
- lesdifficultés que peuvent rencontrer l’expression de la démocratie et de la laïcité en République. Elles peuvent favoriser un mal de vivre le communautarisme. Ce qui peut conduire à ignorer des problèmes sociaux voire même la personne humaine (L’autre ! mais quoi l’autrepour lui ?) ;
- le chômage, allant de la perte d’emploi ou à la difficulté d’entreprendre (quand l’autre, cet individu n’a droit à rien) à l’éloignement du monde du travail, à l’isolement voire à l’exclusion de la vie sociale et la ghettoïsation ;
- l’insécurité, corollaire à chacun des points ci-dessus cités, est aussi ligand de tous ces composants du noyau. Elle les relie, les suscite et les entretient.
Que faire ? Conscientiser, agir, montrer comme toujours, sans répit ni dépit, et avec fermeté, que la loi n’est pas vaine, elle combat la formation du ligand l’insécurité : donner à la loi toute sa place pour Vivre en paroles et actes ! Ce ne sont pas les murs des prisons qui le font.
Quelle serait la réponse finale à ces questions du pouvoir d’achat d’aujourd’hui ou aux objectifs de la commémoration du 8 mai (plus jamais l’humiliation des hommes et des nations… de l’humanité) ? Il n’y a rien à réinventer : la veille de la loi, du noyau. Et si l’on interrogeait Léon Tolstoï à ce sujet ? sa réponse serait sans doute : « La doctrine du Christ ! » et on ne lui jettera pas la pierre ! Le noyau, commun aux revendications du pouvoir d’achat et aux objectifs de la commémoration du 8 mai, n’a-t-il pas tout à voir avec l’amour du prochain de « La doctrine du Christ ! » ? En prendre conscience, c’est déjà beaucoup, Léon ! Aussi, les commémorations comme celles du 8 mai, souvenirs ou devoir de mémoire, sont l’expression collective de vivre l’espérance d’un monde toujours plus humain et elles ne sont pas vaines. Quant aux mouvements sociaux, véritable pouls de la société, ne donnent-ils pas la mesure de l’état de sa dégradation, de son recul ou du mal vivre ? en tout cas un vide. La nature a horreur du vide, n’est pas que pour la broussaille, de même que la notion de l’enthalpie réservée aux gaz peut être transposée à bien de situations de la vie sociale des nations. Le propre de l’homme, c’est sa capacité à corriger et à rendre meilleur pour Vivre et sa force, c’est la loi : elle est en la loi, elle est dans la loi.