OGM de la production agricole et  Covid-19, quoi de commun ?   -    Article aliment-et-developpement.com - Août 2020


Les OGM  de la production agricole sont des produits de consommation, l’aliment, et la Covid-19 une maladie due à l’infection par un coronavirus (SARS-CoV-2) . Il ne s’agit pas là de brosser un tableau de comparaison à double colonne, l’une pour la question des OGM de la production agricole, connue depuis près d’une vingtaine d’années , et l’autre pour celle de la Covid-19.

« OGM de la production agricole et  Covid-19, quoi de commun ? » Quelle idée ? pourrait- on dire!... Et pourtant, la question posée semble d’actualité et peut être vue au travers des réflexions que porte le bout d’article ci-dessous rapporté : « Vous avez dit OGM ? »[1].  .

[« Vous avez dit OGM ? »

Nous avons vu que l’OGM n’est pas la « génération spontanée », sorti de nulle part. De nombreuses technologies (l'électronique, l'informatique et le nucléaire) et les disciplines de la biologie ont rendu possible la manipulation du gène. Elle contribuera à son tour à leur développement et à la création de nouvelles technologies. Aussi, la manipulation du gène, on peut le dire, fait tissu avec les autres technologies et avec la connaissance toute entière. Elle est entre les mains de l’homme. Et confiance lui est faite : en cas d’accident ou de dérive il saura remédier à la situation. Et bien sûr, ce n’est jamais assez d’attirer l’attention non seulement des acteurs, mais de chacun sur la responsabilité qui incombe à tous.   « Le plus gros bénéfice des efforts consentis pour transformer les plantes réside encore dans tout ce qui a été appris sur le fonctionnement des gènes végétaux. Il est à prévoir que ces avancées seront exploitées par les chercheurs qui ont maintenant un nouvel outil d'analyse remarquablement puissant à leur disposition, pour élucider la physiologie et le développement des Plantes »[2]. En effet ! Ajoutons que cet outil peut être transposé à la compréhension de d’autres systèmes. Triste ironie du moment, la grippe aviaire tant redoutée n’est-elle pas le produit de transgénèse que sait faire la nature ? Tous les espoirs sont tournés vers les acquis du génie génétique pour y faire face. En effet, jusqu’où peut-on aller dans l’abattage des oiseaux pour éradiquer la maladie ? Comment peut-on empêcher les oiseaux de migrer ? Peut-on sédentariser les oiseaux sans que l’équilibre écologique n’en prenne un coup dur ? la recherche de vaccins et d’une thérapie appropriée s’impose et c’est le challenge lancé à tous.

« Vous avez dit OGM ? » est peut-être bien la voie par laquelle la science s’ouvrira aux connaissances dites relativités [3].  Aussi, justifier certaines de ces relativités contribuerait bien à prévenir certains risques. Comme nous l’avons souligné  « "Kharni !"  une conscience alimentaire ? Mais "Kharni !" n’est pas une conscience de l’existence d’un danger lié à l’aliment.

Toutefois, "Kharni !"  pourrait l’être  avec l’apport de la science et cela est tout à fait du domaine de la réalité et dans ce cas, "Kharni !"   équivaudrait à un enseignement alimentaire.» [4] Un exemple : c’est la question du devenir de molécules et substances biologiques provenant des OGM.  Inhabituelles au métabolisme chez l’homme, quelles perspectives y ont-elles ?

 « Vous avez dit OGM ? » en guise de conclusion à cette série d’articles sur la biotechnologie ne saurait assez être représenté que par un tableau à deux colonnes l’une en faveur des OGM l’autre en leur défaveur. « Vous avez dit OGM ? » c'est l’espoir mis en tout homme et au généticien en particulier (acteurs immédiats de la manipulation du gène). Il est exact : «le génie génétique ouvre à l'humanité des perspectives fascinantes». C'est ici que « l'Homme Esprit »[5] est attendu ! s’il est généticien, il ne saurait vêtir l'habit de Prométhée, il ne lui sied pas. S’il est vrai que Prométhée a donné le feu aux hommes, il ne les a pas libérés pour autant, tant qu’il demeurera l’éternel supplicié des dieux. « On ne sert rien de l'homme si l'on ne le sert tout entier.»[6]   Alors, nous disons que Prométhée est un séducteur ! voici la preuve de sa suffisance :«"Ô justice, ô ma mère, s’écrie Prométhée, tu vois ce qu’on me fait souffrir." et Hermès raille le héros : "Je suis étonné qu’étant devin, tu n’aies pas prévu le supplice que tu subis.  –je le savais"  répond le héros. »[7]

Aussi, Prométhée a-t-il jamais aimé les hommes, lui qui n'a rien d'humain ? Faut-il attendre la fin de son supplice pour le savoir, alors que lui-même ne la désire pas ? Bien sûr qu'elle viendra un jour, sa volonté n'y peut rien : les chaînes et le rocher s'usent, c'est la loi de la nature, et les oracles n'ont pas gratifié son vautour d'une vie éternelle ! Pendant sa longue attente, il a pu contempler l'humanité faisant son chemin : là où elle n'a su trouver le Dieu juste, dont l'homme est à l'image, elle se fit Dédale, l'homme ingénieux et industrieux, aimant l'homme. Dédale crée, maîtrise et délivre. Prométhée n'a rien créé ; le feu, il l'a volé, il ne l'a pas pris, il n’avait ni foi en l’homme ni aux dieux; a-t-il jamais pensé libérer l’homme ? il se fit enchaîner et se complût au supplice ! Ayant vu l'homme à l'œuvre, a–t-il eu foi en lui, en aura-t-il ? Il   eut pitié de lui, il ne l’aima pas, l’aimera-t-il ? Quoi qu’il en soit, la foi, c'est  ce qui appartient à l'homme ; c’est la foi en lui-même qui pousse toujours Dédale au large sous le regard contemplateur de Prométhée. Et par la foi il verra le jour où Prométhée dira des hommes: « ils s’en seront sortis de toute manière ! ». Ce jour où enfin il aura foi en l’homme. Alors, s’il donne c’est parce qu’il a foi. Bien sûr, Dédale est affecté d'Icare…Icare qui ne sait résister à la « pulsion »! Mais Icare, c'est son fils ! Et, empruntant les mots de Camus nous en disons : « C'est cette admirable volonté de ne rien séparer ni exclure qui a réconcilié et qui réconciliera encore le cœur douloureux des hommes et les printemps du monde.» [8]  ]

On peut constater la similitude des deux événements,  sauf qu’à ce jour on ne connaît pas de maladie due à la consommation d’aliment issu de la production agricole OGM. Et la garde n’est certainement pas baissée.

Concernant la réflexion, « C'est cette admirable volonté de ne rien séparer ni exclure qui a réconcilié et qui réconciliera encore le cœur douloureux des hommes et les printemps du monde.», la figure (i) interpelle, tant les forces semblent liées, la poussée de l'une ou de l'autre les entraînerait ensemble dans  le même sens.

La restructuration du site A&D annoncée comprend aussi la mise en ligne d’articles de Lien,  chaque fois qu’un événement  peut  le susciter.   


 i.   A&D reprend ici, l’image de la page 16 de Lien  n°07. L’image est une vue de l’illustration de la couverture du livre de Stefan Zweig : « Le combat avec le démon » aux éditions Gallimard.         

[1] Conclusion d’une série d’articles de vulgarisation sur la biotechnologie de la revue Lien n°07

[2] Julien R, Cenatiempo Y. et collaborateurs – Biotechnologies d’aujourd’hui – Dix domaines stratégiques à l’aube du troisième millénaire- Pulim,1993

[3] Relativités culturelles

[4] « Kharni !!! » article de la revue Lien n°5

[5] Le génie

[6], [7]et [8]  Camus A. - Prométhée aux Enfers, dans Noces suivies de L’été, éditions Gallimard. 1959