Alimentation et nutrition   ñ

Sciences et techniques

L'aliment, "se nourrir et être rassasié"

Article n°9


Composition des aliments: teneurs en vitamines d'aliments de consommation courante

 

Les sources alimentaires des vitamines

Les sources alimentaires des vitamines ne sont pas exclusivement celles  de la classe chimique (liposolubles ou hydrosolubles) à laquelle elles appartiennent. La plupart  des vitamines ou leur précurseurs sont contenus dans tous les aliments de sources biologiques y compris les micro-organismes.

L'efficacité d'une vitamine ne tient pas seulement à sa teneur, mais à plusieurs facteurs. Les opérations de transformations peuvent compromettre l'intégrité de la vitamine. Des facteurs antinutritives dont les antivitamines peuvent influer sur la digestion, l'absorption et compromettre l'utilisation métabolique de la vitamine. De plus, l'aliment contenant la vitamine doit être disponible, accessible et sain.  

La composition vitaminique, consignée dans les tableaux ci-après, est celle d'aliments de consommation courante matières premières des deux principales sources biologiques.  La source végétale est représentée par diverses espèces des genres botaniques (Tableau XVII) : les céréales, les légumineuses et oléoprotéagineux, les tubercules et racines,   les légumes et les fruits. Les produits de source animale sont représentés par leurs catégories  de  consommation :   les viandes, les poissons, le lait, la volaille et les œufs.


La composition en vitamines des aliments, tout comme celle de leurs autres constituants dépend de l’espèce, de la variété et du mode de production, pour une catégorie considérée. Aussi, les textes qui accompagnent les tableaux de composition n’ont pas pour but de proposer tel aliment ou tel autre. Ils se rapportent aux questions et réflexions, sur l’aliment, que peuvent suggérer les données.  Ces textes portent sur l’aliment lui-même en explicitant la particularité vitaminique de la catégorie ou du genre, de l'espèce ou de la variété selon ces données. Ils concernent l’alimentation (animale et humaine) en évoquant les caractéristiques de l'aliment liés aux données des tableaux. Ils sont une vue sur les données à propos des méthodes et techniques d’analyses et de détermination des composants de l’aliment dont les vitamines. Ils relèvent l’opportunité de certains produits ou leurs constituants dans l’alimentation. Ils remarquent l’avantage  de l’information (le contenu de l’étiquetage) et enfin, ils abordent la question de l’intérêt socio-économique local ou régional d’un tableau de composition des aliments qui y sont disponibles et sur la politique alimentaire en général.

C’est avec la vitamine A (le rétinol) qu’a commencé l'histoire des vitamines et pour son importance dans le cycle visuel (Figure 93 ) un tableau lui est consacré. 

Tableau XVII : Produits alimentaires de consommation courante

 

Composition en vitamines d'aliments matières premières d’origine végétale

La provitamine A, le bêta-carotène, un des pigments caroténoïdes, est essentiellement d’origine végétale, tandis que les vitamines A, D et B12 sont exclusivement de source animale.

Composition en vitamines de grains secs de céréales et pseudo-céréales

Comme on pouvait s'y attendre (Tableau XVIII), les teneurs en vitamines A, D et B12 des grains de céréales sont nulles. Ces vitamines ne sont présentes que dans les produits  de source animale aussi elles distinguent les aliments selon leur source (végétale ou animale). 

La détection de ces vitamines peut servir dans le contrôle préliminaire de la qualité de nombreux produits de l’alimentation humaine aussi bien qu’animale. 

La teneur en vitamine C  des grains secs est également nulle. Cette vitamine, très répandue dans la nature est aussi la plus fragile des vitamines. Elle est très sensible à la fois à l’oxydation, à la chaleur et à la lumière, facteurs de détérioration auxquels l’expose le séchage du grain. 

Le bêta-carotène, la provitamine A, du groupe des pigments caroténoïdes est essentiellement présent dans les produits d’origine végétale, aussi il peut être un élément de caractérisation de sources de produits . 

On s’attendrait à quelque teneur en cette provitamine A des grains de céréales en général et du grain de blé en particulier, compte tenu de la coloration des téguments et enveloppes due aux pigments caroténoïdes.  De nombreuses hypothèses peuvent être avancées pour ces données du tableau.  

Les enveloppes du grain de blé sont plus fragiles et moins épaisses que celles de l’orge de coloration voisine, cela peut expliquer la présence à l’analyse du bêta-carotène dans l’orge et pas dans le blé. En effet, la mouture de grains secs, avec l’appareillage usuel de laboratoire, a tout d’une pulvérisation et peut avoir un effet de sassage donc de perte en constituants des enveloppes qui sont des fractions fines et légères du grain. Ou encore, les techniques de détermination utilisées ne prennent pas en compte la couleur, mais  la molécule (stricto sensus). Alors, ces résultats témoignent de la précision de l'analyse. En effet, la structure des caroténoïdes diffèrent peu (voir les pigments). D'où la complexité du choix des techniques et méthodes d'analyses et suscite un élargissement de l'information sur les données. 

Le bêta-carotène, comme la vitamine C, est sensible à la fois à l’oxygène, à la chaleur et à la lumière, facteurs auxquels l’expose le séchage du grain. Le bêta-carotène est partiellement entraîné dans les eaux des opérations de trempage ou de lavage que  peut nécessiter l’utilisation de certains grains. Dans ce tableau on remarquera la faible teneur en niacine (Vitamine B3) du quinoa et du maïs,  par contre, ils y ont les  meilleures teneurs en vitamine E.

 Tableau XVIII - Composition en vitamines pour 100 g de grains secs  


Composition en vitamines  de graines sèches de légumineuses 

Des teneurs en vitamines du tableau XIX, l'on peut dire que le pois chiche présente le meilleur profil vitaminique. Dans l'ensemble, les vitamines B3 et B9  ont les meilleures teneurs pour tous les produits considérés. Ce tableau se distingue du précédent par les teneurs  des vitamines K et C 

Par ailleurs, on constate que les  teneurs en vitamine B des produits de ce tableau sont du même ordre de grandeur que celles du maïs et du quinoa originaires du continent américain.

Les légumineuses notamment le haricot rouge serait originaire d'Amérique. Les vitamines seraient-elles aussi fingers prints utilisables en authentification d'origine géographique de denrées alimentaires ?

Tableau XIX - Composition en vitamines pour 100 g de graines sèches


Composition en vitamines de graines sèches d’oléo-protéagineux

Le profil vitaminique des graines d’arachide (Tableau XX) se remarque par sa teneur en vitamine B3 (niacine) et celui des graines de tournesol par leurs teneurs en bêta-carotène, en vitamines E, B1 et B9

Le tableau de la vitamine K par ses valeurs nulles et celui de la vitamine B3 par ces valeurs élevées de l'ordre de celles de certaines céréales  distinguent ce tableau (XX) du précédent. 

Les oléoprotéagineux sont  utilisés en alimentation humaine surtout pour leurs huiles qui  pourraient ne pas contenir les vitamines du groupe hydrosoluble dont les vitamines B3 et B9 . 

Tableau XX - Composition en vitamines pour 100 g de graines sèches d’oléo-protéagineux 



Composition en vitamines de tubercules

Dans ce tableau (XXI), la teneur en bêta-carotène de la patate douce et celle de la carotte du tableau (XXII) sont du même ordre de grandeur. Il doit s’agir de la variété de patate à peau et chair orange identiques à celles de la carotte. 

Les teneurs en vitamines B1 et B2 sont moins élevées que celles les tableaux précédents. 

La pomme de terre est de nos jours la référence universelle de tubercules comestibles. Elle est aussi celle qui compte le plus de variétés par la couleur de la peau  et la fermeté de la chair. Ce tableau est l'exemple "limitant" que peut avoir un catalogue de tableaux de composition des aliments. Toutes les variétés ne peuvent y être représentées et celles qui le sont peuvent ne pas être représentatives des variétés universelles, régionales ou locales disponibles. 

Tableau XXI - Composition en vitamines pour 100 g de tubercules



Composition en vitamines  de légumes

Les teneurs en vitamines B1, B2 et B6 du  tableau XXII  sont sensiblement moins élevées que celles des tableaux précédents.  Ce tableau (XXII) fait remarquer que la classification  des vitamines,  hydrosolubles ou liposolubles, n’est pas liée à  la classe chimique à laquelle ils appartiennent.  


C’est l’exemple des teneurs de la vitamine K  dans la laitue et le chou constitués à plus de 80% d’eau. De même, la couleur verte de la laitue ne semble pas présumer de sa teneur en bêta-carotène que n’ont pas l’abricot et le melon à la chair orange du tableau XXIII .

Tableau  XXII - Composition en vitamines pour 100 g de légumes



Composition en vitamines  de fruits

On remarque dans le tableau (XXIII) que l’abricot et le melon ont la meilleure teneur en bêta-carotène.   

Ce tableau a dans l’ensemble les teneurs en vitamines B1 et B2  les moins importantes.  Elles sont du même ordre  de grandeur qu'au tableau précédent.

On constate que la teneur en vitamine C est plus élevée pour les fruits à pulpe colorée (melon, mangue, abricot) que pour les autres fruits (pomme,  avocat et banane). 

Tableau XXIII - Composition en vitamines pour 100 g de fruit


Composition en vitamines d'aliments matière première de source animale           

Les sources de bêta-carotène sont essentiellement végétales, celles des vitamines A, D et B12 sont exclusivement animales. 

Composition en vitamines de viandes crues

Au tableau XXIV, on peut lire que  toutes les viandes contiennent les vitamines A, D, E et la quasi-totalité des vitamines hydrosolubles. Le bêta-carotène est essentiellement d’origine végétale.

Les teneurs en vitamine B3 de ce tableau  avoisinent celles du tableau (XVIII) des céréales.


En s'autorisant des liens entre les parties de cet article d'une part, et entre cet article et l'article sur les additifs d'autre part, on peut tenter d'expliquer certaines teneurs du tableau XXIV

Ainsi, la teneur en vitamine C du jambon, de l'ordre de celle des fruits et légumes des tableaux précédents, pourrait être due à ces nombreuses fonctions d'additif.

De même, les faibles teneurs en vitamine A de la chair à saucisse et du jambon proviendraient du rôle d'antioxydant naturel de cette vitamine dans les produits riches en lipides. Dans ce cas on peut se poser les questions suivantes : l'analyse prend-t-elle en compte la forme oxydée de la vitamine A demeurant dans le produit ? La teneur en vitamine A caractériserait - elle l' "origine carnée" de certains aliments de consommation courante (charcuterie et genres) ? 

Tableau XXIV -  Composition en vitamines pour 100 g  de viande crue



 Composition en vitamines de chair crue de poissons 

La teneur en vitamine A du tableau XXV retient l’attention. Elle ne semble pas être liée à la coloration "carotte" du produit analysé comme on pourrait s’y attendre. En effet, si l'on s'en tenait qu' à la coloration,  les teneurs en vitamine A de 195, 372 et 655 mg/100 mg des espèces de thon iraient mieux au saumon ou à la truite saumonée. 

De même, dans  la catégorie du thon, les teneurs 372 et 655 mg/100 mg en vitamine A seraient pour le thon jaune.

Tout ceci montre que l'aspect n'est pas toujours synonyme de la présence, plus ou moins soutenue à l'analyse, d'une substance donnée. On remarquera au tableau XXIX la teneur en vitamine A du foie. Celui-ci n'a pas la coloration de la carotte ou du saumon, mais celle du thon rouge. Et pourtant, l'aspect est l'un des facteurs déterminant la conduite de l'analyse d'un  produit inconnu. 

Les teneurs en vitamines D, B9 et B12 aussi distinguent  ce tableau du précédent. Le tableau de la vitamine B2 est sensiblement proche de ceux des tableaux XXI, XXII et XXIII .

Tableau XXV : Composition en vitamines pour 100 g  de chair de poisson crue


Composition en vitamines de lait de ruminants

De toutes les vitamines liposolubles, la vitamine A possède la meilleure teneur, au moins cent fois plus élevée que celle de la vitamine D et encore plus pour la vitamine E. Le lait étant riche en calcium on peut bien comprendre la supplémentation en vitamine D du lait UHT de certaines marques commerciales.

Quant aux vitamines hydrosolubles, les vitamines B1 et B6  présentent les teneurs les plus faibles de ce tableau. Les teneurs  en vitamine B1 sont du même ordre de grandeur que celles des tableaux XXI, XXII, XXIII et XXVII. Ce tableau montre également que certains produits de source animale contiennent du bêta-carotène. Le métabolisme du bêta-carotène, notamment sa transformation en vitamine A, différerait-il d'un ruminant à l'autre ? 

Tableau XXVI : Composition en vitamines pour 100 g de lait 

  

Composition en vitamines de chair crue de volaille

Le canard et l’oie de ce tableau semblent avoir les meilleurs profils vitaminiques et particulièrement en vitamines A, K, B1, B2, B3 et C.


Dans l’ensemble, on remarque les faibles teneurs en vitamine B1. Elles sont du même ordre de grandeur que celles des  tableaux XXI, XXII, XXIII, XXV et XXVI 

Tableau XXVII : Composition en vitamines pour 100 g de chair crue de volaille.  



 Composition en vitamines  d’œuf cru

Le tableau du jaune de l’œuf présente le meilleur profil vitaminique. Cependant, le blanc de l’œuf  possède la quasi-totalité des protéines et les plus équilibrées en acides aminées. En plus du  peu d’apport en vitamines, le blanc de l'œuf contient des substances antinutritives (antitryptase et antibiotine).  

On peut se demander l’intérêt qu’il y a  à l’utiliser dans l’alimentation, quoique, les substances antinutritives sont thermosensibles. On remarque la faible teneur en vitamines B1 et B3 de l’œuf et de ces composants. Ces valeurs sont de l'ordre de celles des tableaux XX, XXI, XXII et XXV  pour la vitamine B1. Quant à la vitamine B3, les valeurs sont les plus faibles de celles de tous les tableaux. 

Tableau XXVIII: Composition en vitamines pour 100 g d’œuf cru 



Composition en vitamines d'aliments matières premières d’origine micro-organique

Des aliments matières premières d'origine micro-organique, seule la levure est universelle et disponible.  Son intérêt vitaminique qui réside dans la découverte des vitamines a été précédemment évoqué au travers des généralités. 

La levure de boulanger est riche en vitamines du groupe B principalement la vitamine B3 ou niacine (40,2 mg/100g) et la vitamine B9 ou folates totaux (2340 mg/100 g) d'après "Table Ciqual 2016 - Composition nutritionnelle des aliments. "

Ces vitamines pour être assimilables, la levure doit subir un traitement thermique choc qui les libérerait.   


Composition en vitamines du foie 

L’histoire de la vitamine commence avec celle de la vitamine A : son action était connue depuis l’antiquité.  Elle fut la deuxième vitamine découverte et la première à porter une appellation spécifique (vitamine A) après que le mot vitamine ait été forgé par Funk en 1911.

Le foie est l’organe de stockage de la vitamine A. Près d'un siècle après que l’huile de foie de morue ait été reconnue (1875) pouvoir guérir certaines affections oculaires Wald établit que la vitamine A est impliquée dans la vision.  La figure 94 schématise le cycle reconstituant le pigment visuel. 

 
Figure 94 - La vitamine A et le cycle visuel

La vision est liée à l’absorption de la lumière par des cellules photoréceptrices, les batonnets et les cones. La molécule photoréceptrice des batonnets est la rhodopsine ou pourpre rétinien ou encore pigment visuel. Elle se décompose sous l’action de la lumière en une protéine (l’opsine) et un pigment (le trans-rétinal).  

Le trans-rétinal est la forme stable de l’aldéhyde de la réduction du rétinol. Il est transformée en cis-rétinal par l’enzyme rétinal isomérase  ou réduit en trans-rétinol par l’enzyme rétinal réductase.

Le trans-rétinol est transformé en cis-rétinol par l’enzyme rétinol isomerase.

Le cis-rétinal peut provenir de l’oxydation du cis-rétinol par l’enzyme rétinol déshydrogénase.

C’est la forme 11-cis-rétinal qui se combine de nouveau à l’opsine pour reconstituer la rhodopsine 

Le tableau XXIX donne la composition en vitamines de foie d'espèces de diverses catégories d'aliments matières premières de source animale. L'huile de foie de morue est la référence de la source de la vitamine A. 

Le tableau XXIX montre que la teneur en vitamine A du foie des  catégories considérées est sensiblement la même  que  celle du foie de la morue, voire même plus. Aussi, le foie de ces catégories peut être considéré pour les mêmes besoins, la prévention de troubles visuelles. Toutefois, le foie de morue et son huile ont des teneurs en vitamines D et E largement plus élevées qu'aucune autre espèce des catégories considérées n'en possède. Cependant, on peut remarquer que les teneurs en vitamines K, B2, B3, B5, B6, B12 et C de ces autres catégories sont largement au-dessus de celles du foie de morue et des valeurs de bon nombre des tableaux précédents. 

Tableau XXIX- Composition en vitamines pour 100 g de foie cru 



Besoins en vitamines

Les vitamines sont en général bien retenues par l'organisme lorsque l'apport est important. Les vitamines A, D et K sont stockées dans le foie et la vitamine E peut être mobilisée dans les tissus adipeux. Quant aux vitamines hydrosolubles, elles ont un seuil de rétention au-delà duquel elles sont excrétées par les urines. Les vitamines liposolubles stockées ou mobilisées peuvent être remises à la disposition de l'organisme en cas de besoin.

La carence vitaminique advient lorsque les besoins de l'organisme ne sont  pas satisfaits. Elle se manifeste par divers troubles plus moins spécifiques à la vitamine qui fait défaut. Pour corriger ces troubles, il faut déterminer l'origine de la carence. Elle est soit exogène et concerne l'apport ou la disponibilité de la vitamine, soit endogène et porte sur son utilisation (insuffisance quantitative et/ou qualitative due au dysfonctionnement de quelque facteur intrinsèque). Une fois l'origine déterminée, les besoins sont établis pour corriger les troubles. Ils  sont liés à l'âge, l'état général et à l'alimentation habituelle de la personne souffrant du trouble de la carence. Ils peuvent être vitaminiques ou concerner autres médicaments.  

Dans tous les cas, l'alimentation doit apporter à l'organisme les vitamines dont il a besoin en quantité et en qualité pour empêcher la carence. Les méthodes de  transformation et de conservation des aliments y ont un rôle important.

Les causes de la carence d'apport sont la disponibilité alimentaire et vitaminique dont l'accès à l'aliment de bonne qualité vitaminique et le choix de régime alimentaire. Quant aux causes de la carence endogène, elles sont nombreuses. Les plus communes sont les maladies héréditaires du métabolisme vitamine dépendant;  les pathologies intestinales sont les causes principales ou fréquentes de la carence d’absorption ;  certains états physiologiques comme la grossesse augmentent les besoins en vitamines ; les antagonistes (les antivitamines) qui inhibent l’action de la vitamine.   La carence exogène et la carence endogène peuvent être dues à la fois aux interactions et interrelations vitamine-vitamine, vitamine-autre constituant de l'aliment.

Les interactions de la vitamine

Les interactions de la vitamine sont les réactions qu'elle peut avoir avec d'autres vitamines ou avec d'autres constituants de l'aliment et qui contribuent à diminuer sa disponibilité dans l'apport exogène. Ces interactions peuvent se produire à tous les niveaux du traitement des aliments :   

- les vitamines des groupes B et la vitamine C porteuses de fonctions amine, aldéhydes ou cétones peuvent subir la réaction de Maillard et la caramélisation lors des traitements thermiques de transformations des aliments

certaines de ces vitamines, par leur structure,  peuvent être  des chélateurs de métaux. La vitamine B12 peut perdre son atome cobalt Co par substitution d'autres métaux comme le fer. Tout est question de la physico-chimie du milieu lors des traitements de transformation ou de conservation. 

- au cours de la conservation d’aliments riches en lipides, les  vitamines (A, C, K et E) sont substrat du phénomène du rancissement et/ou  antioxydants (Figure 90). Dans les deux cas leur disponibilité diminue. La vitamine A et les vitamines K et E, dans une moindre mesure, ont une partie de leur structure constituée d'une chaîne carbonée portant des doubles liaisons aussi elles peuvent formées avec l’oxygène des peroxydes. Ces vitamines sont par ailleurs des antioxydants (AH) et réduisent les radicaux libres formés des lipides.   La forme oxydée de la vitamine antioxydant (A.) est stable et inactive d'un point de vue vitaminique.

- la disponibilité des vitamines hydrosolubles, l'acide ascorbique, et celle du bêta-carotène ou provitamine A) peut diminuer lors des opérations de séchage, de trempage ou de cuisson. D'autres vitamines possèdent un cycle aromatique dans leur structure (la vitamine B9) peuvent être des substrats du brunissement enzymatique intervenant  au cours de certains traitements comme le pelage, le découpage et le broyage dans la préparation des jus de fruits.   


Les interrelations de la vitamine

Les interrelations de la vitamine,  concernent ses rapports avec une autre vitamine, d'autres constituants des aliments et des métabolites. 

Les interrelations de la vitamine peuvent être les causes de la carence endogène. Elles portent sur son utilisation quantitative et qualitative. 

Ces interrelations de la vitamine sont à toutes les étapes du métabolisme vitaminique : l’absorption intestinale, le transport, l’utilisation métabolique et le catabolisme. Ces interrelations diminuent soit la disponibilité soit l’activité de la vitamine. Ce sont et sont principalement :

- "les interrelations vitamine et l'aliment en général". Les vitamines, par diverses liaisons sont maintenues au sein de l'aliment. Lorsque les traitements de transformation ou de conservation ne les détruisent pas, les vitamines doivent être libérées de leur matrice au cours de la digestion pour être absorbées.   

- "les interrelations vitamines-glucides". De nombreuses vitamines sont des coenzymes ou leurs précurseurs et sont présents à tous les niveaux  du métabolisme des glucides. Un apport élevé en glucides peut diminuer la disponibilité en vitamines, c’est le cas de la thiamine dans la décarboxylation du pyruvate conduisant à la formation de l’acétyl coA;

- "les interrelations vitamines-lipides". La vitamine E en est un exemple métabolique. Elle a une action sur l’intégrité des membranes lipoprotéiques de la cellule en empêchant l'attaque des acides gras insaturés par l'oxygène. Ainsi, toute augmentation de l’apport en acides gras insaturés peut diminuer la disponibilité  en vitamine E. Il en est de même pour certaines vitamines hydrosolubles dont la riboflavine (vitamine B2) et la cobalamine (vitamine B12) intervenant dans le métabolisme lipidique. Aussi, un apport élevé en lipides sans compensation en ces vitamines peut diminuer leur disponibilité et être une source de carence et des troubles qui l'accompagnent.

- "les interrelations vitamines-protéines". Comme pour les glucides, de nombreuses vitamines sont des coenzymes ou leurs précurseurs et sont à tous les niveaux du métabolisme des protéines et acides aminées. Ainsi, un apport élevé en ces substances qui n’est pas accompagné d’un apport proportionné de vitamines peut créer un état de carence vitaminique.  

- "les interrelations vitamines-minéraux". La vitamine D joue un rôle dans la fixation du calcium et du phosphore du tissu osseux. Un déséquilibre alimentaire par un apport accru en ces minéraux et non compensé par un apport en vitamine D peut entraîner une diminution de sa disponibilité.

- "les interrelations vitamines-médicaments". La prise de médicament peut induire la carence en certaines vitamines comme  dans le cas de l’isoniazide (acide iso-nicotinique) un antituberculeux et la niacine (Vitamine B3 )

"les interrelations vitamines-vitamines". Certaines vitamines ont un rapport de synergie . Ainsi, la vitamine C favoriserait l'action de l'enzyme réduisant en rétinol (vitamine A) les molécules de rétinal issues de la coupure de la provitamine (bêta-carotène). En favorisant la production de la vitamine A, la disponibilité de la vitamine C peut diminuer. 

Certaines vitamines peuvent remplacer partiellement d’autres, c’est le phénomène de vicariance.  En diminuant le besoin en ces vitamines qu'elles remplacent, elles  diminuent leur propre disponibilité et augmentent la leur. C‘est le cas de la vitamine C et des autres vitamines hydrosolubles.

Les interactions et interrelations de la vitamine influencent sa disponibilité pour le métabolisme. La figure 95 ci-après les résume. 


Figure 95 - interactions et interrelations de la vitamine limitant sa disponibilité

Que dire d'autre après  cette vue sur les vitamines, sinon que l'aliment est toujours une découverte, chaque fois qu'on s'y intéresse de près ? 

La découverte de nouvelles vitamines est peu probable. Au regard des généralités sur les vitamines évoquées précédemment (article n°8), des sources alimentaires des vitamines, des besoins liés aux nombreuses interactions et interrelations de la vitamine,  la quête de l’élucidation  de toutes les fonctions  des vitamines continue. Dans cette quête, l’observation substancielle (de la substance qui est un assemblage de molécules),  le prélude de l’histoire de la vitamine, demeure. Elle en est le socle et est augmentée de plus en plus de la vue moléculaire, grâce au progrès réalisé dans le domaine de l'analyse en général et des techniques et méthodes spectrales en particulier. 

Ainsi, peut-on oser considérer l’eau autrement ? pas comme une vitamine, bien sûr. En effet, l'eau n'est pas apportée en 


faible quantité à l'organisme;  de plus, l'eau est un produit final du métabolisme (catabolisme) des nutriments.

Cependant, l'eau est indispensable au fonctionnement de l’organisme. Serait-elle porteuse de quelque molécule à l’état de traces ayant quelque rôle « vital » ou encore quel rôle peut avoir sa composition moléculaire  dans la conception du « vital » (au sens du capital de l’organisme) ?

C’est extravagant comme réflexion, peut-être bien, on en sourit de toute façon...  mais, elle a un fondement culturel et n’est pas dénudée d’assise scientifique. L'eau est un aliment. Elle constitue également les 3/4 de l'organisme. Dans les conditions physiologiques normales, l'organisme excrète autant d'eau qu'il en absorbe. Aussi qu'en reste-il de l'eau absorbée sinon l'essentiel, "la faible quantité de l'eau" apportée à l'organisme qui pourrait bien être quelque isotope de l’eau… et pourquoi pas?..."Le génie de l'eau était avec Darwin aux Galapagos!"... suite